20120122

Master Marathon Queen-Queen II 1974


Notre Master Marathon Queen se poursuit avec :

                                                                                         Queen II.

   Cet album paraît en 1974, sa couverture noire laisse deviner les visages solennels des membres du groupe. La pose est très étudiée et immortalisée par Mick Rock, photographe incontournable de cette époque, auteur de clichés emblématiques de David Bowie, Lou Reed ou Iggy Pop. Ainsi Queen montre sa volonté de s'inscrire dans cette mouvance glam-rock en pleine apogée ainsi que celle de se mesurer à ces icones de la moitié des années 70. La composition leur sera si chère qu'ils la réutiliseront plusieurs fois, y compris dans le vidéo-clip de Bohemian Rhapsody.


 Cette fois, le groupe n'a pas envie de jouer les contrebandiers de studios et l'album est enregistré plus sereinement, laissant la place à un peu plus de plannification, d'où un concept simple mais étudié : l'album ne comportera à l'époque ni face A ni face B mais une face Blanche et une face Noire. Ainsi Brian May, guitariste/chanteur se charge du côté blanc (aidé par ses copains quand même, même s'il chante plusieurs chansons), porté sur l'émotion, tandis que Freddie Mercury s'empare à lui seul de la face noire, marquée par l'évocation des rêves et d'une certaine...ben, noirceur.


   Procession ouvre l'album. La batterie y est une pulsation et la guitare déroule le tapis rouge ou blanc pour le reste des réjouissances avec son acidité caractéristique.
  Father to Son est la première vraie chanson de l'album, elle est de Brian May, mais c'est Freddie Mercury qui se colle au chant. Il s'agit d'une chanson plutôt douce dans sa forme, parlant de façon métaphorique de la transmission du père au fils. Elle débute sur des notes aigrelettes et légères qui s'enflent en un bref hard-rock jamais très offensif mais bienvenu.
  White Queen (As it Began) continue la face blanche de façon très évidente. (Mais quel titre pourra illustrer au mieux la face noire ? La réponse sera-t-elle une surprise ?) Sur un ton fort mélancolique, Freddie Mercury, relativement subtil (!), chante les mots de Brian May, évoquant cette Reine Blanche aussi majestueuse que désespérée, sur une mélodie aux tonalités presque médiévales. Les choeurs à trois voix en surimpression s'y déploient pour de bon. Trois voix ? Mais ils sont quatre ? Il faut préciser que John Deacon (son prénom et son nom sont revenus à une place usuelle moins classe) a toujours considéré sa voix comme horrible, on ne l'entend donc jamais chanter sur aucune chanson d'aucun album du groupe.
   Some Day One Day est une autre composition de Brian May, cette fois c'est le guitariste qui chante. Sa voix n'est pas désagréable, si elle n'a pas l'originalité de celle de son ami Mercury, elle laisse tout de même paraître une certaine sensibilité. La chanson est dans le même ton que Father to Son le ton y est léger quoique emprunté et teinté d'optimiste. Les guitares y sont également subtiles et aériennes.
   Mais  The Loser in the End ramène les choses à un niveau plus terre à terre. Le morceau parle des relations fils/mère, est chantée par Roger Meddows Taylor (toujours avec son "middle name" plus classe) et se montre nettement plus aggressive. Le batteur a une voix plus abrupte que Brian May, le rythme de la chanson est très marqué heavy-blues, ce qui conclut plutôt bien la face blanche.

Les choses se corsent avec Ogre Battle. Le morceau commence brutalement par un amalgame de voix au son fluctuant suivi d'une entrée tonitruante de la guitare de Brian May en un proto-thrash accrocheur. Le tout stoppe assez net pour laisser à Freddie Mercury le soin d'entamer cette chanson qui ressemble à une fable farfelue où les ogres s'affrontent en un combat sans merci. Les paroles décrivent la puissance des combattants de façon imaginative (l'un attrape des mouches avec sa langue). Difficile de savoir où le chanteur voulait en venir. Il en reste un morceau dynamique et entrainant qui se fond directement, par son thème et son style, dans le morceau suivant.
The Fairy Feller's Master-Stroke. Alors, le thème de cette chanson est simple. Un bûcheron féérique se propose de casser une noix sous les yeux avides de tout un peuple de créatures improbables comme une libellule trompettiste, Obéron et Titania du Songe d'une Nuit d'Eté ou un satyre. La chanson s'inspire en réalité d'un tableau aux détails foisonnant, du peintre Richard Dadd, que Freddie Mercury aimait beaucoup.
La musique, elle, est échevelée, le chant rapide et bondissant, Freddie Mercury ne semble jamais reprendre son souffle. Si elle peut se montrer déconcertante, cette chanson est un beau morceau d'originalité.

   Nevermore est la chanson suivante. C'est une chanson simple, loin des extravagances de sa précédente, juste Freddie Mercury au piano pour un morceau mélancolique et assez élégant.
  The March of the Black Queen. Voilà qui remet les pendules à l'heure (et offre ainsi son titre à la face noire, quelle surprise !). Il s'agit d'un nouveau morceau à tirroir, typique du groupe à l'époque, à l'intérieur duquel se bousculent plusieurs styles et plusieurs ambiances. On y a droit à : de la chansonnette nunuche au piano, du hard-rock franc jeu, du music-hall débridé et une marche proprement dite. C'est confus, il y a de la voix trop aigüe pour être honnête mais ça marche ! Il y a là encore presque tout ce qui fera plus tard la fameuse Bohemian Rhapsody. Reste à trouver une façon plus cohérente de lier tout ce fatras.
   Funny How Love Is est une brève chanson, légère et ironique, teintée d'un peu de fantaisie. Elle rappelle Nevermore, ces deux chansons encadrant en fait The March of the Black Queen.
   Seven Seas of Rhye est le premier vrai succès de Queen. Ce morceau reprend celui qui concluait le premier album au titre d'intro avant de se dérouler en 2'48 de façon plutôt délirante à la façon de la plupart des chansons de cette face. Les thèmes y sont aussi fantaisistes qu'obscurs : on a un titan, un "master marathon" (aaaaaah ouiiii), un être surhumain qui toise ses rivaux avec arrogance et finalement tout ça se termine par un fondu sur une chanson populaire des années 1900 I do Like to be Beside the Seaside, comme entendue de l'extérieur d'une taverne, ce qui parachève l'esprit second degré de la chanson et de l'album entier.

   Même s'il paraît sombre et grave, cet album fait tout sauf se prendre au sérieux. L'humour n'était pas très présent dans Queen I, il fait ici ses premières percées, et c'est un élément qu'il faudra toujours garder à l'esprit pour comprendre le groupe. Plus élaboré que son prédécesseur, Queen II ouvre la voie du succès au groupe qui n'a plus besoin de grand chose pour exploser au visage du grand public. Ca ne va plus tarder.

Important : Personne ne joue de synthétiseur et Freddie Mercury n'a pas encore de moustache.

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