20120127

Master Marathon Queen-A Day at the Races 1976



    Il n'était pas évident de succèder à A Night at the Opera, pourtant Queen sort en 1976 un album qui se veut sa suite directe. A Day at the Races récupère également son titre chez les Marx Brothers.


                                                     A Day at the Races.

   La couverture est la version négative de son prédecesseur, les armes du groupes y sont légèrement différentes, moins stylisées avec un côté assez art-nouveau. La flamboyance de la nuit à l'opéra semble céder place à quelque chose de plus sombre. En réalité l'album n'a rien d'obscur ou négatif, il est simplement plus initmiste et personnel.
  Tie Your Mother Down ouvre l'album sur une intro volontairement pompeuse puis par un son vibrant et redondant avant de se lancer dans un hard-rock teinté de blues au riff difficilement résistible. La chanson, plutôt directe et aggressive (non sans humour) est de Brian May, mais c'est Freddie Mercury qui déclame ici les intentions peu louables d'un narrateur embarassé par la famille de sa nouvelle conquête. La chanson aura un succès certain, elle sera un point d'orgue des concerts du groupe à l'avenir.
   You Take my Breath Away semble vouloir exprimer tout l'inverse, il s'agit là d'une déclaration extatique, un morceau intimiste où domine le piano. La guitare de May vient se poser sur la fin de la chanson en accompagnant la complainte un peu appuyée de Mercury.
   Long Away est une nouvelle chanson de Brian May accompagné des désormais traditionnels choeurs à trois voix. Elle rappelle ses ballades sur Queen I et II, proche de Some Day One Day par exemple, mais exécutée avec un nouveau savoir-faire. Elle est assez représentative de l'ambiance de cet album, chaleureuse et entrainante.
   Enfin, l'excentricité n'est pas jetée aux oubliettes pour autant, puisque les premières notes de piano de The Millionaire Waltz viennent nous le rappeler. Comme son nom l'indique judicieusement, il s'agit bel et bien d'une valse. Le piano et la guitare y fusionnent agréablement, virevoltant avec aisance tout au long d'un morceau largement porté par un Freddie Mercury passant du rire au larme au gré des rebondissements de l'histoire d'amour qu'il nous conte. On retrouve pas mal d'éléments de Bohemian Rhapsody dans cette chanson, même si le morceau est plus léger.
   You and I conforte cette idée d'album plus intimiste. C'est une ballade de John Deacon, sincère et simple comme il sait souvent le faire. Freddie Mercury en est l'interprète, avec plus de retenue qu'à l'accoutûmée. Les compositions du bassiste peuvent parfois sembler en retrait, à sa propre image, au sein du groupe, elles sont souvent plus conventionnelles a-priori, mais apportent une touche de nuance au milieu de certaines excentricités. Nous verrons par ailleurs qu'il n'en sera pas toujours ainsi à l'évenir puisque le discret bassiste nous offrira certains des plus grands succès du groupe.
   Somebody to Love incarne tout à fait ce mélange d'intimité et d'extravagance qui caractérise l'album. Elle commence comme une chanson douce-amère au piano. A mesure qu'elle progresse, les choeurs font leur entrée, pour faire du morceau un sensationnel gospel égoïste. Cette chanson sera celle qui portera l'album au succès. Au même titre que Bohemian Rhapsody à laquelle elle est souvent comparée, elle est emblématique du groupe, du moins pour cette période, absolument incontournable dans les concerts de l'époque, et, surtout, elle illustre le talent de composition et d'interprétation des Queen. C'est un morceau qui ne s'embarasse pas le moins du monde de modestie mais qui n'oublie pas de garder une dimension humoristique.
   White Man est une chanson embarassante. Formellement il s'agit d'un hard-rock aussi classique qu'efficace, déterminé, teinté de blues et admirablement chanté. Pourquoi embarassant ? Bon, et bien Queen n'a jamais été un groupe engagé, du moins pas vraiment dans ses textes. Ici pourtant Brian May évoque le massacre des Amérindiens par les colons en Amérique du Nord...avec pas mal de naïveté et de maladresse. Le theme est similaire au Run to the Hills de Iron Maiden qui paraîtra six ans plus tard, et s'il est juste, les paroles n'apportent pas vraiment de nouvel éclairage sur le sujet. Ce n'est pas non plus ce qu'on attend de Queen, donner des leçons n'est pas du tout leur domaine, on peut donc facilement pardonner un peu de naïveté, d'autant que mélodiquement le morceau est vraiment réussi. Il reprend des éléments de  The Prophet's Song sur l'album précédent mais ne s'encombre plus d'effets spéciaux inutiles.
   Good Old Fashioned Lover Boy est une composition classique de Freddie Mercury. Empruntant au music-hall qui lui est si cher, il dresse le portrait d'un séducteur aussi motivé que désuet. Il y évoque une galanterie surannée mais très attachante. Le morceau rappelle les Lazing on a Sunday Afternoon, Seaside Rendezvous tout autant que les Beatles (Paul McCartney et son Honey Pie par exemple). C'est une chanson particulièrement réussie, surtout si on aime les haut-de-formes et queues de pie.
  Drowse est une composition de Roger Taylor et c'est le batteur lui même qui en chante les paroles, bien qu'accompagné du choeur. Encore une fois, et avec une forte empreinte de nostalgie, il y évoque l'adolescence, ses colères et ses tristesses, son ambition et ses errances. Ce sujet à beau revenir de façon inquiétante chez le batteur, la chanson n'en reste pas moins assez poignante par sa sincérité.
   Teo Torriatte (Let Us Cling Together) parle d'amour fraternel, dans l'adversité comme dans le temps. C'est une chanson de Brian May qui rend hommage aux fans du groupe, et parmi les plus fidèles, le public japonais ! Le groupe a en effet explosé au Japon de façon fulgurante et avec une démesure propre à ce pays. Pour la peine, Freddie Mercury chante le refrain en Japonais. Les choeurs y sont à nouveau démultipliés pour offrir une conclusion d'ampleur à l'album. La toute fin du morceau consiste en une reprise du son vrillé et oscillant du premier morceau, bouclant ainsi la course.



   Alors oui, donner une suite à A Night at the Opera pouvait semble être une mauvaise idée, la comparaison serait inévitable et on pourrait se demander si le groupe ne cherchait pas simplement à exploiter le succès commercial encore récent de Bohemian Rhapsody. Pourtant ça marche. Ca marche car bien qu'étant une suite, A Day at the Races a sa propre identité et sa propre ambiance. Il est parfois considéré comme la face sombre de son prédecesseur, c'est un peu vrai dans la mesure ou ses compositions sont parfois assez proches des deux premiers albums du groupes où il apparaissait une certaine "fantaisie sombre". A Day at the Races met surtout l'accent sur la part intime de Queen dont les membres semblent se livrer bien plus qu'auparavant au travers de leur textes. En alternant d'une chanson à l'autre entre extravagance et intimité, l'album révèle à demi mots, les coulisses de l'Opéra et c'est en cela qu'il peut trôner sans honte aux côtés de son grand frère.


Important, personne ne joue de synthétiseur sur cet album, et pas de moustache non plus pour Freddie Mercury.

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